Selon un récent rapport interinstitutions, quelque 16% de la population mondiale souffrirait de sous-nutrition chronique. L’aide pour le commerce (APC) est un élément de solution au problème, mais il reste beaucoup à faire pour coordonner les stratégies et s’assurer qu’elles fonctionnent.
Il est de notoriété publique qu’accroître l’aide et l’investissement dans l’agriculture est un élément de solution, les ministres de l’agriculture du G20 le reconnaissaient encore en juin 2011. Le rapport interinstitutions intitulé Price Volatility in Food and Agricultural Markets: Policy Responses1, présenté au G20, fait valoir qu’à l’avenir l’évolution démographique, la disponibilité de l’eau et la modification du climat feront que les gouvernements éprouveront davantage de difficultés à nourrir les populations. Cet investissement devra par ailleurs s’inscrire dans le cadre d’une vision stratégique plus vaste du développement économique, un besoin moins largement reconnu.
Reste encore à respecter les engagements de financement, tels ceux pris par le G8 à L’Aquila en 2008. L’impasse dans laquelle se trouve le Cycle de négociations de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) empêche de respecter les promesses faites il y a plusieurs décennies d’imposer des disciplines aux subventions agricoles accordées par les pays développés et d’améliorer l’accès aux marchés mondiaux pour les agriculteurs les plus pauvres.
Si, au total, $E.-U. 40 milliards ont déjà été dégagés au titre de l’initiative de l’APC, quelques grands pays de l’OCDE continuent de soutenir leurs agriculteurs, à hauteur de plus de $E.-U. 250 milliards pas plus tard qu’en 2009. Le réel défi consistera donc à allouer équitablement et effectivement les ressources dont ont besoin les agriculteurs des économies en développement pour produire davantage de denrées alimentaires.
Bien souvent aussi, les agriculteurs des pays pauvres ne disposent pas des infrastructures – installations de stockage, routes de campagne et électricité – et des intrants nécessaires (machines, engrais, eau). S’assurer que tous les producteurs ont accès aux marchés locaux, régionaux ou mondiaux doit être une priorité. Les recherches menées par le Centre international pour le commerce et le développement durables (CICDD) suggèrent que l’APC pourrait contribuer à régler certains de ces problèmes – mais les acteurs nationaux doivent collaborer pour intégrer les politiques commerciales aux plans de développement.
À titre d’exemple, une collaboration étroite entre les agences publiques, les agriculteurs et les banques commerciales permet au Cambodge de diversifier ses exportations de riz, et aide Maurice à accroître la valeur de son industrie sucrière, tout en favorisant l’investissement étranger direct.2
Le CICDD a également étudié le lien entre la politique commerciale et la volatilité des prix des denrées alimentaires.3 Si les gouvernements peuvent coopérer en matière de restrictions à l’exportation, de biocarburants, ou pour assurer le bon fonctionnement des stocks et réserves, ils pourront espérer palier les insuffisances de la gouvernance internationale.
Une aide accrue est indispensable – notamment pour aider les producteurs les plus vulnérables à vendre sur les marchés locaux, nationaux et mondiaux. L’aide décaissée doit être suffisante pour permettre aux PED de relever les défis auxquels ils sont, et seront à l’avenir, confrontés et, pour être durable, elle doit s’inscrire dans un cadre plus vaste de réformes de la politique commerciale mondiale.
TROISIÈME EXAMEN GLOBAL DE L’AIDE POUR LE COMMERCE:
Faire progresser la sécurité alimentaire et nutritionnelle
L’APC est essentiellement un véhicule permettant aux PED, en particulier aux PMA, de mieux s’intégrer au système commercial multilatéral basé sur des règles. Le Troisième Examen global de l’APC a eu lieu à l’OMC, en Suisse, les 18 et 19 juillet 2011.
À cette occasion, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a évoqué le lien entre les questions telles que le changement climatique, le manque d’eau, les pénuries d’énergie, la santé dans le monde, l’autonomisation des femmes et les crises alimentaires.
S’exprimant plus particulièrement à propos de la crise alimentaire, M. Ban a déclaré ‘qu’il fallait pleinement utiliser le potentiel de l’APC pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il a ajouté que la récente décision du G20 de supprimer les restrictions à l’exportation sur les denrées alimentaires achetées au titre de l’aide humanitaire était un premier pas bienvenu. Des règles du jeu équitables contribueront grandement à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, surtout des plus pauvres et des plus vulnérables,’ a-t-il précisé.
En tant que première équipe multilatérale entièrement consacrée à l’assistance technique liée au commerce, l’ITC a présenté pour l’Examen global six études de cas portant, par exemple, sur le travail de l’ITC avec la filière coton en Afrique et sur les efforts destinés à l’amélioration de la qualité du café éthiopien.
Pour plus d’informations, consulter le site www.intracen.org/a-propos/aide-pour-le-commerce/
1 Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Fonds international de développement agricole (FIDA), Fonds monétaire international (FMI), Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Programme alimentaire mondial (PAM), Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce (OMC), Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), Équipe spéciale de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire (UN HLTF ) (2011), Price Volatility in Food and Agricultural Markets : Policy Responses. Rome, FAO.
2 Sok, S. (2011). Trade Diversification after the Global Financial Crisis: Cambodia Rice Export Policy Case Story. www.ictsd.org/i/publications/105557/
3
Tangermann, S. (2011), Policy Solutions to Agricultural Market Volatility: A Synthesis, www.ictsd.org/i/publications/108969/.
Diaz Bonilla, E. et Ron, J.F. (2011), Food Security, Price Volatility and Trade: Some Reflections for Developing Countries, www.ictsd.org/i/publications/97273 Babcock, B. (2011), The Impact of US Biofuel on Agricultural Price Levels and Volatility, www.ictsd.org/i/publications/108947/