Plus tôt cette année, la Banque d'import-
export (Exim) de l'Inde a signé un
accord de partenariat avec l'ITC visant
à renforcer la collaboration entre les
deux organisations. L'accent sera mis sur l'augmentation
de la compétitivité des secteurs et des
entreprises, la promotion du renforcement des
capacités en matière d'intelligence commerciale,
le soutien aux liens commerciaux entre l'Inde et
d'autres pays, et l'amélioration de l'environnement
des affaires dans ces pays. De plus, l'Inde, l'ITC
et la Banque Exim vont collaborer dans le cadre
du projet Supporting India's Trade Preferences
for Africa's Poor (SITA), d'une durée prévue
de six ans, qui vise la promotion des exportations
de cinq pays d'Afrique de l'Est: l'Éthiopie,
le Kenya, le Rwanda, l'Ouganda et la République-
Unie de Tanzanie.
Susanna Pak s'est entretenue avec Yaduvendra
Mathur, Président et Directeur général de la
Banque Exim, au sujet des implications de ce
projet.
Q: Pourquoi le projet Supporting India's
Trade Preferences for Africa's Poor (SITA)
vaut-il la peine d'être mis en oeuvre?
R: Ce projet apporte beaucoup d'informations
que la Banque Exim peut partager avec le secteur
privé en Inde. Nous utilisons une grande partie
des données publiées et plusieurs cartes du
commerce établies par l'ITC; nous serons donc
en mesure de partager ces informations avec nos
entreprises indiennes ainsi que dans les cinq
pays partenaires en Afrique. Grâce à ce mélange
de compétences, nous pourrons vraiment favoriser
la compétitivité en termes d'exportation.
Q: Quelle est l'importance du rôle joué par
le secteur privé afin de garantir la réussite du
SITA?
R: Le secteur privé est tout à fait essentiel à
ce projet, car son objectif final est de renforcer le
développement du secteur privé dans ces cinq
pays. Aujourd'hui, le secteur privé est souvent
confronté à des obstacles liés à des questions
politiques. Le projet SITA apportera un jugement
avisé, qui pourra aider les décideurs politiques à
voir l'énorme potentiel des accords commerciaux
entre l'Inde et ces cinq pays, non seulement pour
un panier limité de produits, mais aussi en termes
de services.
Q: Quelles sont les principales difficultés
que les PME doivent affronter?
R: Les obstacles non tarifaires, dans une large
mesure, constituent l'un de leurs principaux défis.
L'ITC apporte une vaste gamme de services de
soutien et de conseil aux marchés en termes de
politiques; en conjuguant les compétences et
les points forts de nos institutions nous pourrons
vraiment aider les PME à entrer dans le marché mondial. Il s'agit du plus grand défi pour l'Afrique:
voir leurs PME accélérer leur croissance et avoir
accès au financement afin qu'elles puissent devenir
des acteurs plus importants dans la chaîne de
valeur mondiale.
Q: Quelle est l'importance de l'accès au
financement pour le développement des PME?
R: L'une des véritables barrières à l'accroissement
du commerce est l'accès au financement.
La Banque Exim et l'ITC, en collaboration avec
d'autres parties prenantes, seront en mesure
d'aider les PME à avoir accès non seulement à
la technologie, mais aussi au financement. Les
PME indiennes pourraient investir dans ces cinq
pays [d'Afrique], ce qui favoriserait le développement
du secteur privé.
Q: En quoi est-ce difficile de financer les
entreprises lorsqu'elles ont besoin d'argent
mais ne peuvent pas fournir de garanties?
R: Le financement des PME a été paralysé en
raison du manque de garanties. Par expérience,
nous considérons les compétences comme des
garanties. Par exemple, le secteur des TI en
Afrique présente un fort potentiel. Nous pouvons
encourager le secteur des TI à se développer
dans ces cinq pays africains dans le cadre du
SITA. Nous sommes aussi en pourparlers pour le
financement de films au Nigéria, et nous pouvons
partager notre expérience dans ce contexte. Ces
domaines sont difficiles, et nous devons avancer
avec précaution. Mais le potentiel est véritablement
immense.
La Banque Exim travaillera avec des partenaires
– institutions d'appui au commerce,
associations industrielles – afin d'identifier les
manières de soutenir l'entrepreneuriat. Tous les
jeunes veulent trouver un emploi, mais ils pourraient
aussi devenir entrepreneurs. Nous devons
faire davantage pour qu'un plus grand nombre
de personnes deviennent entrepreneurs. C'est un
défi de taille, non seulement pour l'Afrique, mais
aussi pour l'Inde.
Le financement providentiel est disponible,
mais il n'y a pas beaucoup de prêts à redevances
disponibles. C'est un domaine dans lequel nous
devons travailler davantage. Je pense que dans le
cadre du SITA, nous allons affiner notre approche
concernant ces questions de financement sans
garanties. Avec des partenaires sur le terrain, je
suis sûr que cela est possible, et sera fait.
Q: L'Inde est un marché émergent, mais elle
cherche aussi à soutenir d'autres marchés
émergents. Comment trouver un équilibre?
R: Nous sommes mondialisés maintenant,
personne ne peut se permettre de s'isoler. La
coopération Sud-Sud peut – et doit – fonctionner.
Après la crise financière, le climat devient plus
serein et davantage de partenariats sont établis.
L'ITC et d'autres institutions aident ces partenariats
à passer au niveau suivant.
Q: Comment un partenariat avec l'ITC
peut-il soutenir l'objectif de la Banque Exim
de favoriser le commerce extérieur et les
investissements en Inde?
R: Ce projet, qui représente l'une des plus
importantes interventions récentes de l'ITC, est
un projet très motivant. L'Inde et les cinq pays africains
– l'Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, l'Ouganda
et la République-Unie de Tanzanie – présentent
actuellement un bilan négatif, étant donné que
l'Inde fait plus d'efforts vers ces pays africains
que le contraire. Ce projet permettrait vraiment
un flux d'investissements de ces entreprises
indiennes vers ces cinq pays, et aussi un transfert
de technologie.
Q: Comment la Banque Exim établit-elle
des partenariats avec d'autres institutions
pour de développement du commerce?
R: De nombreuses institutions financières
et banques d'import-export sont maintenant
connectées. Par exemple, nous prêtons plus de
$E.-U. 6 milliards à l'Afrique par le biais de lignes
de crédit. Ces investissements dans les projets
représentent un soutien au renforcement des
capacités. Je suis sûr que la coopération Sud-Sud
représente un avenir où les banques importexport,
les banques multilatérales et le système
des Nations Unies pourront promouvoir ensemble
un meilleur commerce mondial.