Depuis 1990, la croissance des exportations de services aux
entreprises en provenance des pays en développement a été 50% plus
élevée que celles des économies développées: 10,5% contre 6,9% de
croissance annuelle moyenne. Les pays en développement s'octroient
déjà environ un quart des exportations mondiales des services aux
entreprises, et leur part va croissant.
Réalisations et débouchés
Tous les PMA exportent déjà des services commerciaux et
professionnels. Le Bangladesh, Haïti, Madagascar et le Népal se
dédient aux opérations de back-office. Le Népal et certains autres
PMA possèdent des organisations publiques et privées qui mettent à
disposition de la main-d'œuvre sous contrat. Dans les PMA, des
firmes de consultants fonctionnent très bien pour des organismes
donateurs; il existe d'ailleurs des réussites exemplaires, comme
cette société d'ingénierie ougandaise qui a gagné un contrat
international pour la gestion régionale de l'énergie hydraulique
lors d'un concours auquel ont participé de grandes firmes
internationales.
Une mise en valeur déficiente
Les exportations des services aux entreprises sont probablement
plus élevées que ce qu'ont enregistré les statistiques officielles,
vu la difficulté de recueillir des données exactes. En outre, les
services commerciaux ne sont souvent pas mis en valeur par les
autorités des PMA, que ce soit par des allocations de financement
et de ressources ou dans le cadre de la promotion des exportations.
Ainsi, aucun PMA ne donne d'exemple de services aux entreprises sur
leurs sites internet, et seule l'Éthiopie offre un répertoire des
consultants locaux dans son site sur l'investissement.
Les obstacles
Dans le cas des services aux entreprises, les associations
professionnelles remplissent une fonction importante en émettant
des normes, en appliquant un code de conduite et en fournissant une
formation continue. Dans la plupart des PMA, de telles associations
sont inexistantes. Parmi les quelques exceptions, on compte une
association de consultants en gestion au Bangladesh, des
associations de comptables (affiliées à l'IFAC) à Haïti, au Malawi
et en Zambie, et des associations d'ingénieurs au Bangladesh et au
Népal. Toutefois, l'attention des membres se concentre généralement
sur les questions de réglementation interne, plutôt que pour
soutenir des initiatives en vue d'exporter grâce à des accords de
reconnaissance mutuelle avec des associations similaires sur les
marchés d'exportation.
Le manque de reconnaissance
Les exportateurs de services des PMA font observer qu'ils sont
freinés par un manque de reconnaissance. Leurs propres autorités
méconnaissent en général leurs capacités et les sites internet
nationaux ne parlent pas de leurs exportations de services; les
organismes donateurs internationaux négligent aussi régulièrement
les compétences qu'ils ont à offrir.
Comme les grands projets et le travail spécialisé sont souvent
octroyés à des sociétés étrangères, en raison de l'«aide liée», il
est très difficile pour les professionnels locaux (qui souvent ont
été formés et diplômés à l'étranger) de conserver leur expertise
spécialisée.
Le coût des affaires
Le coût pour mener à bien des affaires est très élevé pour les
sociétés de services des PMA. La télévision par câble est à présent
accessible dans de nombreux PMA, mais l'accès à un modem câblé
n'est pas encore possible. Le plus souvent, la planification
nationale s'attache au développement de l'infrastructure des
transports et oublie l'importance des télécommunications pour
l'exportation de services.
D'autres coûts associés comprennent des droits à l'importation
élevés sur les ordinateurs et l'équipement de bureaux. Tant que les
fournisseurs d'accès n'existent pas dans les PMA, les sociétés de
services devront continuer à supporter des coûts élevés pour
améliorer leurs installations informatiques et leurs logiciels.
Les restrictions pour voyager
Autre obstacle majeur dans ces pays, celui des voyages
d'affaires, pour se rendre à des réunions où des exportateurs
peuvent rencontrer des clients potentiels et faire montre de leurs
compétences. Souvent, les pays hôtes exigent que ces personnes
présentent des justificatifs (lettre d'invitation, état de
compte).
Que peuvent faire les gouvernements?
La première démarche, pour les gouvernements des PMA, est de
faire connaître à la clientèle et aux investisseurs potentiels les
firmes de services existantes et les capacités professionnelles qui
s'y trouvent. Les compétences en matière de services aux
entreprises doivent être mises en évidence sur tous les sites
internet nationaux (qu'ils soient gérés par le gouvernement ou
hébergés par d'autres entités) dans les descriptions des activités
économiques, lors de la promotion commerciale et comme attrait pour
l'investissement.
Les sociétés de services aux entreprises devraient également
veiller à être inscrites dans les bons répertoires en ligne et
visibles sur les marchés électroniques. Afin d'aider les firmes
locales, les agences gouvernementales devraient promouvoir les
capacités nationales vis-à-vis des entreprises étrangères
exportatrices ou actives dans des zones franches ou lors
d'opérations offshore. Des mesures d'encouragement devraient
privilégier le recours aux sociétés de services locales. Les
autorités pourraient aussi encourager les entreprises de services
en démarrage.
Les réseaux
Une stimulation additionnelle est apportée par la création de
réseaux de contacts. Certains PMA, tels que l'Ouganda, possèdent
des institutions postsecondaires où quelques chefs de file de la
politique ou des affaires ont été formés. Ces étudiants peuvent
former un excellent réseau de référence.
Financement et appui
Le financement du développement doit viser la préparation
adéquate des ressources humaines. Cela suppose la formation de
compétences pour du personnel destiné aux sociétés de services aux
entreprises ainsi que des connaissances sur l'exportation.
Une industrie de la communication efficace est essentielle aux
sociétés de services commerciaux. L'expérience internationale
montre qu'on y parvient mieux en libéralisant cette activité. Il
faudrait veiller à donner l'accès à l'internet à grande vitesse via
une large bande. L'accès à l'internet tant avec des modems câblés
qu'avec des sans fil peut se révéler une solution bon marché, au
lieu de chercher à étendre sa capacité de télécommunication.
La plupart des PMA proposent des exemptions de taxes ou des
concessions dans les droits d'entrée pour les nouvelles industries.
Si nécessaire, ils peuvent envisager des mesures similaires pour
les sociétés de services, par exemple pour limiter les coûts
d'importation de matériel.
Pour plus d'information, voir les ouvrages publiés par le
CCI Opérations de back-office offshore: Fourniture de services
d'appui aux marchés mondiaux et Guide à l'intention des
entreprises: Accord général sur le commerce des services
(commandes, v. p. 39). En ce qui concerne l'assistance technique du
CCI, Doreen Conrad, Chef du Groupe chargé du commerce des services
(conrad@intracen.org).
Exemples d'expertise de PMA liée aux
services
Service exportable | PMA possédant un potentiel d'exportation | PMA potentiellement importateurs |
1. Services d'appui aux
entreprises | Djibouti, Éthiopie,
Madagascar,
Mozambique, Népal | Tous les autres PMA |
2. Services de conseil
sur la création d'opérations de back-office | Bangladesh,
Madagascar,
Ouganda | Djibouti, Mauritanie,
Mozambique, Népal,
RU de Tanzanie |
3. Services liés à
l'agriculture (p. ex. études de sols | Éthiopie, Malawi | Mozambique |
4. Services liés à
l'énergie hydraulique | Bhoutan, Cambodge,
Ouganda, Zambie | Bénin, Burkina Faso,
Guinée, Népal |
5. Services liés aux
activités minières (p. ex. expertise d'opérations minières,
évaluation de pierres précieuses) | Éthiopie, Guinée,
Mauritanie,
RU de Tanzanie, Ouganda, Zambie | Burkina Faso, Cambodge,
Malawi, Mali,
Mozambique |
6. Services liés à la
production d'hydrocarbures et de gaz (p. ex. services sur le
terrain | Bénin, Mauritanie, RU de
Tanzanie | Madagascar,
Mozambique |
7. Services liés à la
transformation des matières premières (p. ex. gestion de la
production, dessin industriel, emballage) | Bangladesh | Guinée, Malawi,
Mozambique |
8. Services de conseil
sur les zones franches et les opérations offshore | Djibouti, Vanuatu | Gambie, Mozambique |
9. Services de conseil
sur la création de zones franches industrielles | Bangladesh | Malawi |
10. Services de conseil
sur la privatisation | Éthiopie, Mozambique,
Ouganda | Burkina Faso,
Madagascar |
11. Planification de
conventions et services d'appui | Éthiopie, RU de
Tanzanie | Djibouti, Gambie,
Zambie |
12. Services de conseil
sur le développement de l'écotourisme | Gambie, Malawi,
Ouganda | Bénin, Éthiopie,
Madagascar, Mali, Mauritanie |
13. Services de conseil
sur le développement de ports et de services de transbordement | Djibouti | Gambie |
14. Conseils sur le
développement de services de sécurité | Bangladesh, Guinée,
Népal, Zambie | Mauritanie |
15. Services de conseil
sur le renforcement des systèmes de santé | RU de Tanzanie,
Ouganda | Burkina Faso,
Malawi |
16. Services de conseil
sur les risques pour la santé liés à l'environnement (p. ex. la
bilharziose) | Ouganda | Bangladesh, Burkina
Faso, Éthiopie, Malawi |
17. Services de conseil
sur l'éducation et la prévention du sida | Ouganda | Bénin, Burkina Faso,
Cambodge, Éthiopie, Haïti,
Malawi, RU de Tanzanie, Zambie |
18. ervices de conseil
en ingénierie relatifs à la restructuration rapide en économie, en
"brûlant les étapes" | Cambodge, Éthiopie | Mozambique |
19. Services de conseil
en vue de créer une association professionnelle | Bangladesh, Haïti,
Malawi, Népal,
Zambie | Tous les autres PMA |
20. Services de conseil
en vue de créer une association d'exportateurs | Ouganda | Tous les autres PMA |