Forum du commerce international - No.
1/2009
À l'approche du Sommet de Londres, les chefs d'État étaient
divisés sur la taille des programmes nationaux de relance. A
l'issue du Sommet, les membres du G20 s'étaient recentrés sur la
stimulation de l'économie mondiale.
On ne connait pas la part exacte du nouveau financement dans le
US$ 1,1 milliard annoncé mais le Sommet s'est au moins entendu pour
accroître les liquidités mondiales, principalement par une
augmentation des ressources du Fonds monétaire international (FMI)
et l'émission de droits de tirage spéciaux (monnaie de réserve du
FMI). Les ressources du FMI vont donc tripler et seront portées à
US$ 750 milliards. Un accord additionnel prévoit d'allouer US$ 100
milliards à la Banque mondiale et aux banques régionales de
développement.
Le restant est un engagement salutaire à fournir US$ 250
milliards pour stimuler le financement du commerce. L'effondrement
des échanges mondiaux dans le sillage de la crise financière n'est
pas seulement dû à la forte baisse de la demande mais également à
l'évaporation des crédits d'exportation, qui, en soutenant 90% de
toutes les transactions, apparaissent comme le moteur du commerce
mondial.
La gestation des crédits commerciaux étant lente, générer US$
250 milliards sur plusieurs années ne requiert en nouveaux fonds
qu'une fraction du total. Le montant doit venir à la fois de
sources publiques et privées. La plus grande partie, soit US$ 5
milliards, viendra de la Société financière internationale,
institution du Groupe de la Banque mondiale, auxquelles
s'ajouteront les contributions d'autres banques multilatérales de
développement, telles que la Banque africaine de développement et
la Banque interaméricaine de développement. Ce sont les
Gouvernements (Japon, États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Pays-Bas et
Chine) qui se chargeront du volet public des nouveaux crédits, de
manière directe ou via leurs agences de crédit à l'exportation. Un
montant supérieur, possiblement équivalent à US$ 50 milliards,
devrait venir des banques commerciales privées et financer entre
US$ 200 milliards et US$ 250 milliards de nouveaux échanges sur une
période de deux ans, en admettant que le terme des crédits
commerciaux soit d'environ 180 jours.
Cela suffira-t-il? Ce coup de fouet n'éviterapas au commerce
mondial d'enregistrer en 2009 sa plus forte contraction depuis 60
ans même si le degré de pessimisme varie. Certes les membres du G20
ont, comme en novembre 2008, solennellement condamné le
protectionnisme, mais ils sont peu nombreux à avoir repoussé
l'imposition de certaines restrictions commerciales et l'érection
de barrières sous une forme ou une autre et sur certains
produits.
Le financement accru du commerce aura au moins deux effets
positifs. Premièrement, il insufflera un certain dynamisme en
comblant le déficit de financement entre l'offre et la demande.
Deuxièmement, il aura un impact psychologique majeur, car la
disponibilité des crédits commerciaux restaurera la confiance dans
les marchés mondiaux.
La prochaine réunion du G20 à New York en septembre 2009 fera le
point sur l'efficacité de ces mesures. Si d'ici là, la relance est
en marche dans les principaux pays commerçants, on pourra estimer
que la réunion de Londres est un succès pour l'Aide pour le
commerce.
Mais l'absence de résultats exacerbera la frustration des pays
en développement plongés dans une crise qu'ils n'ont pas déclenchée
et qui va ralentir l'agenda du développement et le calendrier fixés
pour la réalisation des OMD.