La crise économique mondiale a exacerbé la situation.
L'effondrement des exportations de la région laisse à penser que,
dans les pays asiatiques en développement, la croissance accumulée
du PIB plongera de 6,3 pour cent en 2008 à près de 3,4 pour cent
cette année. Même si la région recouvre les 6 pour cent prévus pour
2010, il est probable que les pays à faible revenu et les petits
États resteront à la traîne. La progression de la pauvreté est très
préoccupante.
Les dernières réunions organisées dans la région ont dégagé
trois points clés garantissant l'efficacité de l'Aide pour le
commerce. Le premier est que les approches régionales soutenant les
stratégies nationales de développement sont les mieux à même
de multiplier les bénéfices de l'Aide pour le commerce.
Deuxièmement, l'aménagement de corridors économiques
transfrontaliers est au cœur des programmes d'Aide pour le commerce
couronnés de succès. Troisièmement, l'instauration de solides
partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et la
communauté des donateurs garantit la durabilité des bénéfices.
Rééquilibrer la croissance vers une augmentation de la demande
nationale et régionale est un facteur clé de la relance dans la
région, qui favorisera l'essor du commerce interrégional,
accélérera la relance régionale et renforcera l'approche du
régionalisme asiatique. À cet égard, il est important que les
pays ne recourent pas à des mesures protectionnistes. La baisse de
la demande et la hausse du chômage alimentent les pressions
protectionnistes suite notamment à l'influence des lobbies
politiques dans les secteurs en déclin. Certains pays semblent
recourir à des formes traditionnelles de protection telles que les
droits de douane et les subventions, alors que d'autres usent de
mesures plus subtiles de diverses natures, notamment sanitaires et
phytosanitaires, antidumping et appelant au "protectionnisme vert".
Pour contrer cela, la région Asie-Pacifique doit garder les marchés
ouverts, coopérer au plan régional, former les travailleurs et
développer des filets de sécurité.
L'Aide pour le commerce en action
La BAsD s'est investie dans l'Aide pour le commerce dès 2006, en
tant que membre du Groupe consultatif de l'OMC et coorganisatrice
des réunions concernant l'examen régional de Manille en septembre
2007 et de Siem Reap au Cambodge en 2009. Elle agit également en
tant que secrétariat du groupe technique régional pour la
région.
Depuis longtemps, la banque reconnaît que l'Aide pour le
commerce est essentielle à la relance économique, au développement
à long terme et au changement structurel. L'approche des projets
spécifiques n'est pas "unitaille" mais l'expérience de la BAsD
laisse penser que l'assistance aux projets a déjà généré de
nombreux bénéfices d'autant plus importants que coexistent une
volonté politique et une coordination effective des donateurs. En
fait, c'est le principal enseignement tiré de plus de 15 ans
d'appui au programme de la sous-région Bassin du Mékong, qui permet
au Cambodge, à la République populaire de Chine, à la République
démocratique populaire lao, au Myanmar, à la Thaïlande et au Viet
Nam d'œuvrer ensemble à la promotion du développement via la
création de liens économiques étroits.
Des progrès substantiels ont été faits depuis le lancement du
programme en 1992. Jusqu'ici la sous-région a bénéficié de
41 projets pour un montant total estimé à $E.U. 11
milliards; la BAsD a aussi élargi le crédit de $E.U. 3,8
milliards et le cofinancement à $E.U. 4 milliards. Le corridor
nord-sud du bassin du Mékong, qui relie la Chine à la Thaïlande via
le Laos, est un exemple concret des avancées possibles. En 1997, il
fallait trois jours aux marchandises pour parcourir les 270 km
de pistes poussiéreuses du corridor du Laos alors qu'aujourd'hui
quatre heures suffisent; le trafic commercial a fortement augmenté
grâce à un projet de $E.U. 90 millions financé à parts égales
par la Chine, la Thaïlande et la BAsD. Et surtout, le PIB par
habitant a fortement progressé en 2008 dans une des provinces les
plus pauvres du Laos.
D'une manière générale, la part du commerce entre les pays du
bassin du Mékong a augmenté au cours de la dernière décennie. Les
initiatives menées dans la sous-région ont permis une expansion
rapide des projets appliqués dans le corridor. Et surtout, le
programme de facilitation du transport et du commerce a déjà prouvé
son efficacité et d'autres sous-régions de pays asiatiques en
développement l'ont reproduit, comme l'initiative récente de
Coopération économique régionale en Asie centrale.
En tant que banque de développement de la région, la BAsD est le
catalyseur naturel permettant de mobiliser et de canaliser
efficacement l'Aide pour le commerce, ce qui peut être fait au
départ par trois voies: premièrement par une hausse des prêts
destinés à l'infrastructure liée au commerce aux plans national,
sous-régional et régional; deuxièmement, par une aide à la
coordination des divers participants à l'Aide pour le commerce,
comme le secrétariat du nouveau Groupe technique régional, codirigé
par le Cambodge et le Japon; et troisièmement par un partage de
l'expérience et de l'expertise technique transfrontalières liées
aux activités de l'Aide pour le commerce via le dialogue et des
analyses politiques.
Cet article est adapté d'un discours prononcé le 6 juillet 2009
à Genève, Suisse, lors du deuxième examen global de l'Aide pour le
commerce: Maintenir la dynamique.