Fondée en 2000, Wave Sanitation Services offre divers services:
épuration des eaux usées, location de toilettes et gestion des
déchets solides. Nous estimons que protéger l'environnement a des
avantages: propre, il permet aux secteurs industriels de mieux
fonctionner et de générer des profits durables; s'il mise en plus
sur la sécurité, les travailleurs (ressource capitale) seront moins
malades et donc plus productifs.
Selon Environmental Business International, le marché mondial
des services environnementaux a représenté US$ 376 milliards en
2002.
L'Afrique offre d'énormes débouchés à ce type d'activité. Pour
notre seul secteur, il va de la conteneurisation, au transport et à
l'élimination des déchets. Le marché reste largement inexploité.
Certaines universités africaines manquent de toilettes et des
populations entières n'ont pas d'eau potable. Dans certains pays
africains, la pénurie d'eau de pluie crée un marché pour les
projets et technologies de conservation de l'eau, qui accentue la
demande de services environnementaux. Mais les gouvernements des
pays en développement n'ont pas les moyens d'accéder à ces
services.
Lorsque la sècheresse au Botswana a été déclarée calamité en
2005, Wave a conçu, testé et lancé en huit mois un système de
recyclage d'eau grise pour les maisons, les hôtels et les
foyers/auberges. (L'eau grise est une eau relativement propre
récupérée de la salle de bains, des éviers et appareils de cuisine,
etc.). Devant l'urgence à stocker l'eau, nous avons adhéré à ce
projet.
Présence locale
Le Botswana étant un petit pays de 1,7 million d'habitants,
l'intégration au marché mondial est une prio-rité. En recrutant des
membres de la Communauté de développement d'Afrique australe, nous
avons pu intégrer le marché régional. Nous tenions à ne pas
développer de réseaux internationaux au détriment d'une activité
locale car nous estimions que cette dernière est un marche-pied
pour intégrer les marchés internationaux. Nous avons donc créé un
partenariat solide avec les autorités locales, les communautés et
le secteur privé.
La gestion de l'information est capitale. Nous avons réagi
rapidement aux données transmises par nos antennes, récompensé ceux
qui faisaient remonter les informations et tenter de valoriser les
mauvaises nouvelles. Les données sur les comptes, stocks et
ressources humaines sont conservées et gérées électroniquement.
Cette méthodologie a renforcé notre compétitivité.
Jouer dans la cour des grands
Pour soutenir la concurrence mondiale, nous avons privilégié la
création de partenariats intelligents avec une entreprise régionale
et un géant international. Ainsi, nous avons renforcé les
compétences de nos ingénieurs environnementaux et accédé à la haute
technologie susceptible d'être vendue dans notre région.
Mais ce «copinage avec les grands» a un revers et doit être géré
avec doigté. Les petites et moyennes entreprises sont soumises au
bon vouloir de l'«entreprise big brother». Pour se protéger, elles
doivent faire appel à des juristes compétents dont les services
sont souvent chers, voire inabordables.
Financement, aide et corruption
La petite taille de Wave handicape également son financement. Il
est difficile de soutenir la concurrence d'une société
internationale dotée d'importantes ressources et d'une capacité
d'emprunt à un taux de 3% quand celui consenti à Wave est de 18%.
Nous recommandons donc d'améliorer l'accès des pays les plus
pauvres à l'emprunt.
Il faut aussi aider les institutions éducatives à sensibiliser
les enfants et les adolescents à la protection de l'environnement
afin qu'ils développent une culture écologique. La plupart des
écoles africaines sont dépourvues de poubelles et les enfants n'ont
aucune conscience environnementale. Il est fréquent de voir des
adultes jeter leurs déchets à côté des poubelles. Il faut donc
renforcer la sensibilisation à l'environnement et à ses services,
d'autant que mal entretenu, il fait le lit des maladies.
La corruption perdure. Wave a adopté une politique de tolérance
zéro en la matière car nous estimons qu'elle est moralement
répréhensible et compromet la survie de l'entreprise. Nous faisons
pression sur nos gouvernements pour en finir avec ce problème qui
entretient une concurrence déloyale.
Meilleures pratiques
Les participants au Forum exécutif ont identifié plusieurs
meilleures pratiques à l'intention des exportateurs de services
environnementaux:
- Éduquer les acheteurs potentiels. Les
manifestations et foires sont l'occasion pour les entreprises de se
faire connaître auprès des gouvernements, donateurs et acheteurs.
Les stratèges peuvent aider les prestataires à cibler les acheteurs
étrangers, les consommateurs du secteur public et les clients
commerciaux pour leur remettre matériel de marketing et
d'information.
- Explorer les partenariats
commerciaux. Les prestataires doivent batailler ferme
pour acquérir la technologie par la création de coentreprises et
l'association avec des prestataires étrangers puis pour l'adapter
aux marchés local et régional.
- Se focaliser sur la sauvegarde de
l'environnement. Les entreprises peuvent sensibiliser
davantage les donateurs à l'écologie par des projets
environnementaux spécifiques.
- Exploiter les opportunités
régionales. Les prestataires peuvent tirer parti du
potentiel élevé du commerce Sud-Sud en matière de consultation et
d'exploitation. Les délégations d'exportateurs financées par l'État
en direction de pays proches permettraient aux prestataires de
commercialiser leurs produits et d'informer les consommateurs
potentiels.
Source: Linda Schmid, Conseillère en commerce des services,
CCI, et modératrice de la session du Forum exécutif consacrée aux
services environnementaux.
Stratégies
Les discussions du Forum exécutif ont produit plusieurs
recommandations pouvant permettre aux stratèges d'améliorer la
situation des exportateurs:
- Améliorer le financement . Renforcer
l'environnement financier pour réduire le coût du capital et
garantir la compétitivité des prestataires. Envisager le
financement de la promotion à l'exportation, qui offre des
conditions favorables aux exportateurs.
- Relier la propreté de l'environnement aux
opportunités touristiques. Faire des services de
nettoyage de l'environnement un facteur d'attrait touristique. La
malpropreté de l'environnement peut, comme la criminalité,
décourager les touristes.
- Participer à la fixation de normes.
S'assurer que les pays les moins avancés et en développement font
entendre leur voix lors de la fixation de normes spécifiques
observables par des pays financièrement limités.
- Se rapprocher du législateur.
Collaborer avec le législateur à la rédaction d'une législation
environnementale concrète et réaliste. La loi doit être assez
rigoureuse pour renforcer la compétitivité du prestataire.
- Influencer la position
concurrentielle. Aider les prestataires à identifier
les marchés d'exportation leur permettant de conforter leur
position concurrentielle (spécialisation, reconnaissance de la
marque, situation en matière de coûts, leadership technologique ou
qualité des services, etc.)
- Évaluer les pratiques en matière de passation des
marchés. Cette évaluation, nationale et étrangère,
garantit la transparence et évite tout favoritisme national par les
donateurs, tout en créant parfois une sphère de sécurité pour les
entreprises nationales qui débutent.
Source: Linda Schmid, Conseillère en commerce des services,
CCI, et modératrice de la session du Forum exécutif consacrée aux
services environnementaux.
Seteng Motalaote est Directeur exécutif de Wave Sanitation
Services. Cet article est basé sur la présentation de M. Motalaote
lors du Forum exécutif 2005 du CCI sur les stratégies nationales
d'exportation. Le texte intégral est disponible sur le site:http://www.intracen.org/execforum/ef2005/montreux/programme.htm